8 septembre 2025

8 sept. 2025

8 sept. 2025

Financement du New Space français : Entre promesses et sélectivité

Le secteur du spatial privé français, porté par une dynamique de plus en plus forte, est en pleine transformation. Après des années d'effervescence, la question du financement devient cruciale. Bien que l'enthousiasme des investisseurs pour le New Space demeure indéniable, les fonds se font désormais plus sélectifs.


Des levées record, mais une pression croissante sur la viabilité des projets

Le marché des start-up spatiales françaises connaît des levées de fonds impressionnantes, avec plusieurs acteurs clés ayant réussi à attirer des sommes considérables. En 2024, The Exploration Company a bouclé une levée de fonds record de 150 millions d’euros pour sa capsule réutilisable Nyx. Cette opération a porté à 215 millions d’euros les investissements totalisés par l’entreprise depuis sa création en 2021. De même, Loft Orbital, spécialisé dans les constellations de satellites, a levé 170 millions d’euros au début de 2025, consolidant ainsi sa position de leader européen dans le secteur.

D’autres start-up comme Exotrail, pionnière des solutions de mobilité spatiale, ou Unseenlabs, expert en surveillance maritime, ont aussi franchi des étapes significatives avec des levées respectivement de 54 millions d'euros et 85 millions d'euros en 2023 et 2024. Ces montants témoignent de l’intérêt croissant pour l’industrie spatiale en France, qui ambitionne de rivaliser avec les géants comme SpaceX ou Blue Origin.

Des investisseurs plus prudents face à l'incertitude économique

Cependant, cette euphorie semble s’estomper à mesure que la rentabilité de ces projets devient une question plus épineuse. En 2024, les levées de fonds du New Space français ont diminué de 9 % par rapport à 2023, pour atteindre 157 millions de dollars (~145 millions d’euros). Le secteur fait face à un double défi : la concurrence internationale accrue, notamment avec la domination de SpaceX, et un environnement macroéconomique plus tendu, marqué par des taux d'intérêt en hausse et des incertitudes économiques.

Les investisseurs se montrent désormais plus exigeants. "Aujourd’hui, il ne suffit plus de présenter une technologie innovante, il faut aussi démontrer que le projet est économiquement viable et qu’il peut générer des retours sur investissements dans un délai raisonnable", souligne Pierre Coursier, directeur du fonds d’investissement Astra Ventures.

Le soutien public : Un pilier indispensable

Face à cette pression sur les financements privés, le rôle de l’État reste déterminant. Le programme France 2030, lancé pour soutenir les secteurs stratégiques comme le spatial, prévoit une enveloppe de 1,5 milliard d’euros spécifiquement destinée aux micro-lanceurs, aux satellites et à la recherche sur les nouvelles technologies spatiales. Cette aide publique est un levier essentiel pour compenser les incertitudes du marché.

En 2024, plusieurs start-up, telles que HyPrSpace, ont d’ailleurs vu leur développement accéléré grâce à des subventions provenant de ce programme. HyPrSpace, qui développe un lanceur hybride à faible coût, a ainsi bénéficié d’un soutien de 35 millions d'euros, dont 60 % via des aides publiques, pour faire décoller son projet de micro-lanceur OB-1.

Un secteur en pleine maturité, mais qui doit convaincre

Le New Space français est à un tournant. Après les premières vagues d'enthousiasme et d’investissements massifs, le secteur commence à mûrir. Les start-up doivent désormais prouver qu’elles peuvent tenir leurs promesses, en particulier face à des défis techniques et financiers de plus en plus complexes.

Mais malgré ces difficultés, les perspectives restent positives. Le secteur spatial bénéficie d’un véritable dynamisme, soutenu par l’Agence de l’innovation de défense (AID), le Centre National d'Études Spatiales (CNES), ainsi que des investisseurs privés de plus en plus tournés vers l’innovation. L’ambition de la France et de l’Europe reste de garantir une souveraineté spatiale, de se positionner sur des technologies de pointe et de ne pas laisser le champ libre à des acteurs américains comme SpaceX ou Amazon (avec son projet Kuiper).

"Le New Space français a un potentiel énorme. L’équilibre entre soutien public et investissements privés sera déterminant pour que les start-up ne se contentent pas de rêver, mais de concrétiser leurs projets", explique Catherine Dupuis, économiste spécialisée en innovation.

Le New Space, entre dynamisme et vigilance

En conclusion, si les levées de fonds restent importantes, la prudence des investisseurs est de mise. Les prochaines années seront cruciales pour les start-up du New Space français, qui devront démontrer leur résilience et leur capacité à transformer l’innovation spatiale en rentabilité. L’enjeu est double : réussir à se faire une place dans un secteur ultra-compétitif tout en contribuant à la souveraineté spatiale de la France et de l’Europe.

Les observateurs s’accordent à dire que, même si l’avenir reste incertain, l’ambition de faire de la France un acteur majeur du New Space européen n’a jamais été aussi forte.

L'auteur

Roch Guilabert

Après une carrière dans le Tourisme. Il a occupé le poste de Directeur chez Covos Baxon, agence spécialisée dans l'organisation d'événements ; dans le secteur du MICE (Meetings, Incentives, Conferences, Exhibitions). Il est Membre Fondateur de l’Institut Européen du Tourisme Spatial.

Roch Guilabert

Après une carrière dans le Tourisme. Il a occupé le poste de Directeur chez Covos Baxon, agence spécialisée dans l'organisation d'événements ; dans le secteur du MICE (Meetings, Incentives, Conferences, Exhibitions). Il est Membre Fondateur de l’Institut Européen du Tourisme Spatial.

Roch Guilabert

Après une carrière dans le Tourisme. Il a occupé le poste de Directeur chez Covos Baxon, agence spécialisée dans l'organisation d'événements ; dans le secteur du MICE (Meetings, Incentives, Conferences, Exhibitions). Il est Membre Fondateur de l’Institut Européen du Tourisme Spatial.